Le 21 Mars dernier, nous publiions les économies de l’Afrique centrale à l’épreuve du coronavirus. Une pandémie qui a mis à genou beaucoup de grandes puissances, une situation qui a aggravé tous les maux qui minent l’Afrique depuis ses indépendances. En plus de la corruption, le manque de résultats, la course à reculons vers la démocratie (surtout en zone CEMAC) et le manque de rigueur dans les différentes politiques de développement ou PND (Plan national de développement) ; la pandémie liée au Covid-19 a donné un coup de grâce à tous les petits élans de croissances et de développements que laissaient présager cette décennie qui commence, malgré tous les autres facteurs exogènes à la zone franc.
Les réponses des Etats face à la pandémie du COVID19
Comme dit le dicton, l’imitateur est toujours limité. Nos états d’Afrique centrale (notamment en zone CEMAC), pour la plupart se sont pressés de copier et coller les mesures occidentales de lutte contre la pandémie à Covid-19 sans prévoir des mesures solides et salutaires de lutte contre les effets et conséquences des décisions prises. Le résultat ne s’est pas fait attendre, tous les indicateurs sont passés au rouge, toutes les perspectives se sont assombries et la vision ou l’espoir des jours heureux s’est évaporé. Les Gouvernements des Etats de la CEMAC ont adopté des mesures pour lutter contre les effets de la pandémie COVID-19, avec des conséquences extrêmement dramatiques sur leurs économies. Voici un aperçu de ces mesures :
- Déclaration de l’état d’urgence sanitaire ;
- l’assistance aux ménages les plus fragiles via la distribution des kits alimentaires ;
- la création d’un fonds national COVID-19 afin de recueillir les dons ;
- l’instauration et prorogation du couvre-feu ;
- le confinement partiel ou total des populations ;
- Annulation des factures d’eau et d’électricité ;
Le temps a fini par démontrer que ces mesures ont peut être participé à éviter le pire mais laisse les pays dans des situations sans précédents. Plusieurs intellectuels africains pensent qu’il fallait adaptée les mesures à nos situations socio-politiques et économiques et saluent la décision des pays comme le Benin car nous n’avons les moyens de confiner toute la population.
La faillite des Etats de la CEMAC : Illustration du Congo
Quand une personnalité physique ou morale est endettée au-dessus de ses revenus et que ces mêmes revenus sont menacées de disparaître. Ce qui lui met dans une position de possible liquidation de biens ou de surendettement. Il n’est pas nécessaire d’être expert économiste et prophète pour comprendre que cette personnalité vient d’aborder la courbe de la faillite. Pour la Zone CEMAC, nous allons prendre le cas simple du Congo, qui était approximativement similaire aux autres Etats membres comme le Tchad.
Situation socio-économique du Congo :
Entre 2016 et 2019, la population Congolaise a subit une crise bien plus sévère que celle des ajustements structurelles des années 90. Pour la première fois depuis au moins deux décennies, les fonctionnaires congolais accusaient des lourds retards dans le paiement des salaires. La plupart des travaux de réalisation de grands chantiers suspendus pour une dette intérieur à peine chiffrée et difficilement soutenable. Un bras de fer permanent et une négociation à couteaux tiré entre le FMI et les institutions nationales.
Peut être la plus longue du monde d’ailleurs car il a fallu attendre plus de 16 mois pour que le pays bénéficie de la première tranche d’un accord qui va en plus en pleine pandémie être à nouveau suspendus. Une dette extérieure entre inférieure à 100% du PIB pour les gouvernants et à plus de 119% pour d’autres experts. On se rappel d’une émission consacrée à cette dette dite cachée sur RFI, tant elle faisait couler les ancres. …
C’était pour la première fois que les congolais allaient au guichet des agences de transfert comme Western Union ou autre et écoutaient la phrase: on a atteint notre limite d’envoie. la liste des conséquences et des illustrations dans la vie de tous les jours étaient longues comme le bras. La plus parlante étaient l’augmentation des prix des denrées de première nécessité. Pour exemple le bidon d’huile de 25 litres avait dépassé la barre de 15 000 FCFA pour un prix initial de 10 900 FCFA. Des entreprises ont fait faillite. Plusieurs entreprises d’Etat ou privées se sont retrouvées soit en cessation d’activité, soit en insolvabilité des charges de fonctionnement.
Effet de la pandémie à covid19 sur cette situation socio-économique du Congo :
Des jeunes élèves du primaire au lycée connaissaient désormais en ce temps là la définition du mot crise. D’ailleurs on est toujours pas sortie de là avec la suspension des négociations avec le FMI et la délicate, longue et interminable négociation avec les traders du Congo et la puissante Chine. Très endetté, incapable d’assurer correctement la production et la distribution des biens et services nécessaires à la population, incapable de s’endetter à nouveau au près de ses partenaires pour se relancer, le produit porteur, le pétrole (produit vache à lait de la matrice BCG) qui n’a toujours pas retrouvé son niveau d’équilibre, … C’est là que la pandémie à Covid19 s’invite.
Elle s’invite donc à l’aube des reformes et de la nécessité de redresser le pays. Pendant qu’on en appel à un réveil patriotique et économique pour relancer le pays, lui le renvoie avec ces mesures à une sieste forcé de plus de 40 jours alors qu’il somnolait déjà depuis 90 jours date à laquelle la Chine avait commencé à confiner et donc que l’achat du pétrole avait commencé à ralentir dans le monde entier. Il faut aussi noter que chaque fois qu’il sursautait de sa somnolence, il se vidait encore bien les poches; car il en payait le prix fort. Pour revenir à cette sieste forcée, elle lui a coûté 40 jours sans imposition, donc sans recettes fiscales, douanières et autres valeurs ajoutées liées aux mouvements des populations et des biens et services.
Le Congo n’est pas seul à venir d’une crise pour tomber dans cette nouvelle crise. Dans la Zone CEMAC et même Hors, il y a des pays qui sont donc autant de fois paralysé et secoué par cette succession de crise.
Les limites de la BEAC pour Soutenir les Etats membres
En tant qu’institution régionale, selon ses attributions et son rôle; la BEAC fera toujours de son mieux pour assouplir les règles de rigueur budgétaires et autres mesures pour permettre une relance de la zone. Mais il faut noter que cela ne suffira pas. Le vrai et véritable travail viendra uniquement des Etats et pas d’ailleurs. Ne nous trompons pas, si un état ne prend pas des mesures nécessaires et courageuses pour soutenir sa dette et relancer son économie pour la consolider après toutes les opportunités de cette pandémie; il ne s’en prendra qu’à lui même.
D’ailleurs souvent on confond de terrain. Nous sommes en Afrique centrale, où l’activité réelle est essentiellement informelle. C’est elle qui crée le pouvoir d’achat et qui stabilise les ratios socio-économiques. Elle n’est pas soutenue par les banques classiques. Alors il est évident que ces mesures vont être salutaires mais nettement pas suffisant.
À propos de l’auteur