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Les économies de l’Afrique centrale à l’épreuve du coronavirus – Cas du Congo

Afrique centrale face au coronavirus

Le monde tremble en ce moment face au coronavirus comme un touriste devant un cobra dans la forêt. Les conséquences sont humaines, sanitaires, économiques, financières, sociales… L’Afrique n’a pas été épargnée, après l’Egypte et l’Afrique du sud. Les pays de grande densité démographique et économique d’avec l’Europe. Le tour était à l’Afrique centrale, le Cameroun, le Gabon, la République démocratique du Congo, la République du Congo … Voilà là des pays assez fragilisés par les différentes crises depuis 2008 et par les problèmes de gouvernance. Comment répondent-ils à la crise et quel impact pour les marchés ?

Adoptons les bons gestes et sauvons des vies!

Quelques mots sur le Coronavirus – Covid19 :

Comme le rappel le Dr Vétérinaire Zourkaleyni Alzouma Maïga , originaire du Niger. Le coronavirus est un patrimoine de la médecine vétérinaire. Ce virus a subi trois mutations pour pouvoir désormais attaquer et devenir nocif à l’homme. La maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) se caractérise par des symptômes bénins parmi lesquels un écoulement nasal, un mal de gorge, de la toux, et de la fièvre. L’atteinte peut être plus sévère chez certaines personnes et peut entraîner une pneumonie ou des difficultés respiratoires.

Il était, cette fois ci d’après plusieurs chercheurs ; évident qu’un jour il muterait pour pouvoir attaquer l’homme. A ce jour il n y’a pas de traitement viral contre lui. La réponse efficace actuellement est un traitement symptomatique. A ce jour, les enfants et les personnes jeunes lui résistent mieux et guérissent rapidement mais les personnes âgées ou atteintes d’une maladie chronique bien avant s’être contaminé au corona sont les plus sensibles.

Un mot sur les réponses sanitaires de l’Afrique centrale – Cas d’espèce du Congo

Lent ; dans les westerns on dit « lent à la détente ». Ils ont dégainé assez tard. De par le monde, les réponses et les obligations de confinement et de quarantaine se sont fait sentir à partir du 15 janvier. En Afrique, le temps était encore aux discours et aux questionnements. En ce moment-là aucune réponse économique en préparation, aucun conseil de ministre sur la question.


Au 15 février, le virus a franchi l’Afrique. Toujours pas de mesures économiques et la quarantaine non obligatoire pour les voyageurs. Jusqu’au 15 mars quand le premier cas est confirmé au Congo, après que tous les voisins aient confirmé un cas, toujours une hésitation à prendre des mesures drastiques. Il faut rappeler que depuis tout ce temps pas de politique de dépistage en dehors des aéroports ; c’est-à-dire rien dans les frontières terrestres et fluviales. Les centres de santé intégrés et les hôpitaux de région comme celle de Ouesso (près du Cameroun) pas d’outil de dépistage. Les régions frontalières et leurs responsables politiques et administratifs, pas de sensibilisation au corona virus, pas d’outils de dépistage, pas de réserve du matériel médical pour la prise en charge des malades au cas échéant.

Au 20 Mars, les choses semblent bouger, d’autant plus que l’on sait désormais que le 1er cas, donc patient zéro du Congo est un collaborateur proche du 1er ministre, chef du gouvernement, rentré le 1er mars après une mission en équipe qui l’a conduit en France et à Amsterdam. Il n’a donc pas été mis en quarantaine le temps de l’incubation, et voilà panique générale au sein du gouvernement. Le premier ministre et ses collaborateurs testés au coronavirus et cette fois-là consigné en quarantaine. Plusieurs membres du gouvernement testé et les mesures commencent à s’échauffer dans l’esprit des dirigeants avec des annonces toutes azimutes et des préfets de région qui prennent cette fois ci la peine de commencer à sensibiliser sur le Coronavirus. Mais jusque-là toujours pas de centre de dépistage dans les hôpitaux d’arrondissement et dans les centres intégrés. Toujours pas de matériels de prise en charge des malades dans les régions et surtout aucune politique dans les régions pour retrouver les personnes en contact directe et indirecte avec le patient zéro. Quand pourtant on connait tous comment ça se passe dans les deux Congo, quand un aîné, un cadre ou un parent revient de l’Europe.

Au vue de ses éléments chacun est libre de donner une appréciation à la gestion sanitaire et sociale de la crise au corona virus mais les conséquences nous les subissons tous. En effet, le manque de traçabilité des mouvements des populations dans les grandes agglomérations, le manque de vigilance et de moyens de surveillance dans les frontières terrestres et fluviales. Le manque de matériels de dépistage à la disposition des hôpitaux d’arrondissement, de quartier et de régions. Le manque de matériels de prise en charge dans les hôpitaux, les centres de santé intégrés d’arrondissement, de région, et de quartier. Le manque d’outils de prévention, dans les lieux publics, les lieux les plus fréquentés par la population. Le manque de politique de désinfection des lieux publiques et des lieux de grand flux de personne. La prise de conscience tardive de l’obligation de la quarantaine et … Tout ceci révèle que si l’on ne vit pas le pire au Congo, nous bénirons le climat et l’effort des autres pays pour éviter de nous contaminer et pas au grand jamais les seules mesures tardives et incomplètes de nos gouverneurs.

Un mot sur les réponses économiques de l’Afrique centrale – Cas d’espèce du Congo

Dès le 15 janvier le trésor chinois a commencé par rassurer les marchés. En février il a injecté de nouveau, la France a suivi, et tous les pays occidentaux ont suivi. Le mot d’ordre et la tendance étaient simples, il fallait rassurer les marchés. Car les prix s’envolaient et descendaient drastiquement selon les cas. On a vue dès janvier le prix du litre d’essence baisser dans les stations à l’international, notamment en France avec le trop plein des réserves dû à la baisse drastiques des commandes chinoises de l’Or Noir. Le prix des gels antiseptiques et des masques a grimpé car désormais un produit rare.


La Banque Centrale Européenne, la Banque chinoise, Bercy en France, le Trésor Américain, le Trésor britannique, l’Allemagne, le RWANDA… tous ces pays ont annoncé des mesures pour contenir les conséquences économiques, mais jusqu’au 15 mars ; aucune nouvelle au Congo et aucune disposition. C’est le 16 mars qu’on annonce la mise en place d’un fond de un milliard cinq cent millions de francs CFA sans pour autant dire comment ses fonds seront-ils utilisés pour la crise. Deux jours après, deux nouveaux cas sont signalés au Congo et on annonce en même temps la fermeture des Bars, Dancing Club, Restaurant, … et l’interdiction de tout rassemblement de plus de 50 personnes. Et là encore pas de mesures d’accompagnement annoncées.

 

Quelles sont les conséquences économiques du coronavirus au Congo :

La crise au coronavirus ne commence pas le 19 Mars au Congo. Le Congo est un pays importateur de masse. Il importe plus de 80% de ce qu’il consomme. Du stylo au fauteuil, des lacés au chapeau, de la nivaquine à la seringue, des caleçons à la veste, de la lame à la machette, des oignons aux cuisses de poulets, des clés USB à … bref une économie totalement dépendante de l’importation donc, tournée vers l’extérieur.

La première conséquence économique pour le Congo est clairement la chute des prix du pétrole. Le pétrole, l’or Noir comme décrit plus haut, son prix suit une courbe descente dû au manque d’accord des grandes puissances comme l’Arabie saoudite et les Etats Unis sur la stratégie de productions vis-à-vis du ralentissement de l’économie d’abord chinoise puis mondiale. Aujourd’hui encore pire avec la baisse drastique du trafic aérien Amérique-Europe, un des plus danse du monde. Il est clair que le Budget 2020 du Congo basé essentiellement sur la rente pétrolière devra être révisé.

La deuxième conséquence est donc bel et bien le port de Pointe Noire. Nous savons tous combien était important le nombre de conteneurs venant de chine et leur participation à la recette douanière. Aujourd’hui deux mois que la Chine et ses nombreuses fabriques qui alimentent le continent et le Congo sont à l’arrêt et que le coronavirus rend déserte les rues, les avenues et les usines de la chine. Imaginons le désarroi des transporteurs, des transitaires, des douaniers du port de Pointe Noire … et des commerçants spécialisé dans l’importation.

Ces deux premières conséquences induisent automatiquement une baisse drastique de la troisième donnée de la fragile économie du Congo : l’Impôt. En effet, ces deux dernières années l’Etat à maximiser sur l’assiette fiscale pour tenter de réduire les déficits budgétaires dû à la crise pétrolière des années antérieurs et à l’explosion de la dette du pays. Toute déduction logique veut que l’on s’attende donc à une réelle baisse de la recette des impôts au Congo à cause de la cessation ou/et du ralentissement des activités autour des principaux secteurs touché par cet impôt notamment l’import-export et le Pétrole.

Le quatrième secteur fortement touché par le coronavirus est le secteur informel. En effet, nous vivons dans un pays où ce secteur concentre à lui seul plus de 60% de l’activité économique réel interne du pays. Il va recevoir un coup de grâce quand le gouvernement prend la décision le 18 mars de fermer tous les bars, dancing club, VIP et restaurants sur toute l’étendue du territoire à partir du 19 du même mois. En effet il s’agit d’une décision qui n’est accompagnée d’aucune mesure dans un pays où toutes les activités citées sont les seules qui sont essentiellement pour plus 70% détenus par les Congolais quand les boutiques, alimentations et autres sont tenues par les ressortissants maliens, sénégalais, mauritaniens et libanais donc des expatriés.

A ce niveau il se crée un fossé. Tant les deux premiers secteurs (pétrole et import-export), les activités sont solides et robustes, peuvent donc palier par eux-mêmes pour la plupart à un déficit de 1 à 3 mois d’absence d’activité. Le troisième secteur lui ne peut pas se permettre une seule semaine. Surtout que les policiers ont décidé d’étendre la mesure aux femmes et hommes qui vendent les grillades (l’équivalent des fast-foods populaires). Sans mesure d’accompagnement, ceux-ci sont donc exposé à une précarité qui ne peut pour le moment pas être évaluée mais qui s’annonce bien désastreuse. Ce sont des commerces qui fonctionnent avec une trésorerie au jour le jour qui ne résiste pas aux chocs économiques. Ce manque de mesures va creuser la pauvreté chez ces populations et aggraver la situation sociale déjà précaire de la république du Congo.

Ce cas d’espèce se retrouve relativement dans tous les pays de la sous-région.

Un mot sur les économiques d’Afrique centrale en période de Coronavirus :

Les pays de la zone CEMAC ou Afrique centrale en générale, y compris donc la RDC sont tous des pays avec des économies fragiles. Nous n’avons pour le moment pas accès à certaines données mais il n y a pas plus d’une année que la réserve de toute la zone à l’international couvrait difficilement plus d’un mois d’importation. Sachant aussi que  plus de 53% des exportations de la région vont en Asie (pour ne pas dire la Chine) et 29% en Europe, soient les deux zones les plus touchées par l’épidémie du coronavirus. D’autre part, plus de 37% des importations de la région proviennent de l’Asie et 35% de l’Europe.

« Dans la situation actuelle, le pays qui sera le plus touché par la double conjugaison du facteur pétrole et coronavirus sera Sao Tomé et Prince, qui risque de perdre jusqu’à 34% de son PIB à cause notamment de la chute des recettes touristiques. Vient ensuite la Guinée Equatoriale, qui peut perdre jusqu’à 17% de son PIB trop dépendant des recettes tirées du pétrole. Idem pour le Gabon (-17,6%), le Congo (-13,1%), le Tchad (-12,5%), l’Angola (-10, 9%), le Rwanda (-6,4%), le Cameroun (-4,1% chacun), la RDC (-1,9%), la Centrafrique (-0,9%) et le Burundi (-0,4%) » Financial Afrique!

En plus de cela, tous les pays s’étaient endettés massivement via le Fond Monétaire International en dépit des lourdes dettes contractés en Chine, à la Banque africaine de développement, à la banque française de développement, … et aux différents clubs. Cette situation de coronavirus, vient encore leur obliger, pour faire face à ses conséquences à plus d’endettement. L’exposition de l’Afrique centrale est donc forte comme le souligne la Commission économique pour l’Afrique (CEA).

Il est clair que tous les pays ne réagissent pas de la même façon. Certains pays s’en sortiront pas trop impacté grâce à un tissu local fort et des entrepreneurs locaux dynamiques. Quand une crise comme celle-ci touche les importations, on suppose par exemple que le secteur alimentaire sera lourdement touché. Dans ce cas il y a en Afrique centrale des pays comme le Cameroun et la République Démocratique du Congo qui souffriront moins par rapport à un pays comme la République du Congo ou le Gabon. Dans ces pays où le dynamisme local des marchés a atteint une certaine maturité, c’est pour les entrepreneurs locaux une véritable opportunité. Il suffit d’une bonne vision des entrepreneurs, d’une mise en place express des environnements par l’Etat et d’un accompagnement des institutions financières locales pour faire de cette période de crise une opportunité pour ces pays.

 

En somme cette crise sanitaire est pour l’Afrique une opportunité. C’est un moment de faiblesse des grandes puissances donc une occasion des petits d’être utile de se montrer capable. Le Burkina Faso et le Nigeria pourraient devenir en cette période les fournisseurs principaux en masque sanitaire ; l’Afrique du Sud et la Rwanda les fournisseurs principaux des pays africains en matériels de réanimation ; la RDC pourrait devenir le fournisseur africain des écouteurs et chargeurs de téléphone portable ; le Sénégal, le Niger et le Nigeria pourraient décider de tripler leur production en riz pour alimenter toute l’Afrique ; le Congo et le Gabon pourraient décider de transformer leur production de bois surplace en montant les machines sur place …

Pour cela il faudra des décisions courageuses, des paris audacieux et des gouverneurs réellement engagés de faire d’une pierre deux coups. Le coronavirus met à genoux des économies déjà fléchies mais les bonnes décisions rapides, simples, efficaces et efficientes leurs donneront le bon nécessaire pour marquer le panier décisif du carton.

Si vous êtes d’Afrique, merci de partager en commentaire les conséquences économiques des mesures dans votre pays !

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